La Fondation Marichette porte le nom de plume d’une femme au grand cœur, Émilie C. LeBlanc. Cette enseignante de Memramcook, qui a vécu de 1863 à 1935, a publié de nombreuses lettres dans le journal L’Évangéline de 1895 à 1898. Elle se présentait comme une mère de nombreux enfants, pauvre et peu instruite.
Ses lettres dénonçaient des injustices sociales surtout à l’endroit des Acadiens et des femmes comme le droit à la parole, à l'éducation et le droit de voter.
Le droit de parole des femmes
Marichette n'avait pas la langue dans sa poche et ne se gênait pas pour faire la leçon aux hommes.
Mars 1897
« Nous avons une langue et savons s’en servir et une cervelle itou. J’heu (Dieu) nous a baillé plus d’esprit qu’aux houmes. Quand il a fait la femme il a trouvé Adam, le boss de tous les hommes, endormi le ventre au soleil, trop paresseux pour travailler dans son jardin, on y arraché la cervelle et pris le meilleur « stuff » de dedans et fait la femme qui a sauvé les houmes du naufrage. »
MARICHETTE, Lettres acadiennes, Pierre et Pierre M. GÉRIN
L’éducation des femmes et la langue
Issue d’un milieu très modeste, à une époque où les filles accédaient difficilement à l’éducation, Marichette dénonçait des réalités qu’elle trouvait injustes.
Février 1895
« ……….j’ai ma plus jeune fille que je veux faire instruire, et rien qu’en français c’te fois cite. Mes deux plus vieilles j’les ont envoyé à l’école plusieurs années, mais la maîtresse voulions pas yeux montrer l’français, qu’on se moquerait de nous autres si j’le parlions devant des étrangers, et pi toutes nos jeunes filles depi t’chèque temps se font instruire en anglais……..et sa même honte de parler à leurs mères en français. »
MARICHETTE, Lettres acadiennes, Pierre et Pierre M. GÉRIN
Le droit de vote des femmes
Marichette s’intéressait avec passion à la politique dans les communautés acadiennes et se désolait que les femmes n’avaient pas le droit de vote nulle part dans le pays.
Février 1895
« J’veux vous écrire pour vous dire que je sont fatiguée d’attendre que la loi passe en Chambre pour le souffrage des femmes pour nous donner le droit de voter. Durant ce temps les femmes souffre d’envie de se rendre aux polls pour montrer aux vieux comment voter. »
MARICHETTE, Lettres acadiennes, Pierre et Pierre M. GÉRIN.